Grandir, ça reste quand même cool
- acopodcasts
- 15 mai
- 5 min de lecture

Grandir, vieillir, c’était un concept beaucoup plus fun quand j’avais 13-14 ans et que je rêvais d’avoir 25 ans, un compte bancaire bien rempli qui me permettrait de pouvoir faire ce que je veux et une carrière géniale.
La théorie est toujours beaucoup plus fun que la pratique, et bien que je ne revivrais mon adolescence pour rien au monde, il y a plein de moments où je me dis « ah, j’aurais adoré avoir 14 ans à ce moment-là et ne pas avoir à gérer tout ça », on n’est jamais satisfait.e, right ?
Les responsabilités, les problèmes qui n’en finissent pas, les changements, les décisions, les (re)commencements… la vie d’adulte est rythmée par beaucoup de choses que j’ai du mal à gérer. Mais dans tout ce lot de choses « pas fun du tout », je me retrouve à parfois me dire « c’est quand même chouette d’avoir 24 ans ».
Oui, ça peut être chouette d’avoir 24 ans, un libre arbitre, pas d’enfants à charge et un lobe frontal qui est en phase finale de développement.

Tiens, par exemple, je peux manger des céréales pour le dîner (si je suis une adulte responsable, je te dis que ce n’est pas du tout la chose à faire, qu’il faut avoir une alimentation équilibrée et que les céréales sont bourrées de sucre, mais je ne le suis pas).
Trésor, Lion, Chocapic... une quantité d’options pour toujours varier les plaisirs.
Grosse flemmarde depuis le berceau, je n’ai clairement pas pour passion de passer des heures en cuisine pour me préparer un bon repas, j’aime faire simple, et un bol de céréales chaud (oui, parce que je chauffe mon lait, les céréales froides, c’est pas mon truc) après une longue journée d’adulte éprouvante, il n’y a rien de mieux.
Ça, il y a quelques années, ça aurait été impossible, on avait un menu bien défini à la maison, et hors de questions d’y déroger. Pouvoir manger ce que je veux (c’est-à-dire pas sain du tout, oops, désolée maman), c’est aussi un peu une revanche pour mes TCA quand j’étais plus jeune, comme pour dire à la moi de 15 ans : « tu vois ma puce, manger, ça ne te tuera pas, bien au contraire »

Mais outre le fait de pouvoir manger ce que je veux quand je veux, de pouvoir être libre (to a certain extent) de tous mes faits et gestes, je me rappelle aussi qu’à 16 ans, j’étais loin d’être invincible et qu’il y avait beaucoup de choses qui comptaient pour moi, qui aujourd’hui ne comptent plus du tout :
Un truc tout bête, les vergetures sur mes épaules. J’ai passé mon adolescence à tout faire pour les cacher parce qu’on m’a toujours répété que c’était une honte d’en avoir, surtout aussi tôt. Je vivais dans un pays où il faisait tous les jours plus de 35°C et je passais mon temps à porter des hauts à manches longues, c’était impossible de me voir en maillot de bain sans un tee-shirt, je les maquillais avec du fond de teint (en vain) parce que l’une de mes plus grandes peurs, c’était qu’on puisse les voir et qu’on se moque de moi, qu’on se moque d’un physique que je passais mon temps à cacher, parce que je le détestais moi-même.
Tous ces efforts pour cacher quelque chose de normal, quelque chose que je ne contrôlais pas, quelque chose qui faisait partie de moi, tout simplement.
Les vergetures, c’est juste la peau qui s’étire, et oui, j’en ai eu très tôt, partout, la poitrine, les cuisses, les hanches, les épaules, mais ce n’était pas une raison valable de m’apprendre à les détester et tout faire pour les voir disparaître.
Et aujourd’hui, ces petites traces qui comptaient tellement pour moi et qui m’empêchaient littéralement de vivre, n’ont plus aucun impact sur moi, ne me font jamais questionner un outfit, et ça, j’en suis plutôt fière, parce que crois-moi, je reviens de loin.

Dans le même registre, on a mes seins. Mon complexe de toujours, l’une de mes relations les plus toxiques, un jour je les aime, l’autre, je ne peux plus me les voir, et la semaine d’après, ils ne me font ni chaud ni froid.
Faire un bonnet F, c’est beaucoup moins fun que ce que l’on croit, c’est toujours paraître vulgaire, c’est avoir un rendu « crop » sur tous ses tee-shirts, même quand ce n’est pas ce qu’on veut, c’est ne jamais trouver de maillot de bain adapté, ce sont les vieux pervers qui ne te regardent jamais dans les yeux, ce sont des personnes qui te disent « wow, tes seins sont vraiment gros » à chaque fois que tu mets un pied dehors, bref, la liste des inconvénients est (très) longue.
Et fut un temps, c’était impossible pour moi de sortir sans soutien, parce que :
Ils vont dans tous les sens,
Gravité oblige, ils tombent et ça, ça me dérangeait pas mal, donc le « no bra », j’adorais le concept, mais de loin.
Mais, il y a quelques semaines, j’allais au restaurant, et il y a un haut que je voulais vraiment porté, haut qui obligeait de moi que je ne porte pas de soutien.
La question ne s’est même pas posée, je l’ai juste mis, j’y suis allée et j’ai passé une super soirée.
En rentrant de ce fameux restaurant, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire qu’il y a seulement quelques années de cela, je n’aurais JAMAIS pu faire ça et qu’aujourd’hui, je le fais sans même me poser la question (ou peut-être juste un peu, faut pas se mentir).
Ça m’a fait penser à mon ado intérieure, qui mettait toujours des vêtements 3 fois trop grands pour elle juste pour cacher sa poitrine, celle-là, elle est pour toi ma puce !
Le regard des autres, aussi
Ma vie était rythmée par « mais qu’est-ce qu’*elle* va penser de ce que j’ai porté », « qu’est-
ce qu’*il* va penser de que j’ai fait », j’ai grandi dans un environnement où il n’y avait rien de plus important que l’avis et le regard de l’autre, il fallait faire attention à tous ses faits et gestes, sinon, ça pouvait mal tourner.
Ça m’a longtemps empêchée de faire pas mal de choses dans la vie.
A 8 ans, j’ai eu peur de lire un poème que j’avais écrit et dont j’étais plutôt fière devant toute la classe, de peur qu’on se moque de moi, à 17 ans, je refusais de poster des photos sur instagram, parce que je ne voulais pas qu’on me trouve moche, à 19 ans, je n’ai pas réussi à lancer mon podcast avant 3 longues années de réflexion.
Les « qu’en dira-t-on » ont longtemps rythmé (plutôt gâché) ma vie, et m’en détacher a été l’une de mes plus grandes réussites, surtout quand tu réalises que les gens sont beaucoup trop occupés à gérer leur propre vie, leurs propres problèmes, et s’ils partent de toi, il y a de grandes chances que tu ne le saches jamais.
Aujourd’hui, je fais ce que je veux, quand je veux, je me suis levée un matin avec l’envie de créer un jeu de cartes, je l’ai fait, il y a quelques temps, j’ai voulu lancer mon blog comme en 2012, je l’ai fait. A la fin de la journée, c’est ma vie et je me dois de faire ce qui me rend heureuse, c’est ce vers quoi j’essaye de tendre tous les jours.
Alors oui, être une adulte (ou presque…), c’est rythmé par pas mal d’épreuves, des événements et des choses qu’on ne peut pas contrôler. Mais c’est aussi et surtout, évoluer, changer, apprendre à se découvrir, s’aimer beaucoup plus qu’à l'adolescence, prendre le contrôle de sa vie et lui donner le sens que l’on souhaite.

Il y a plein de choses qui comptaient quand j’avais 16 ans, qui ne comptent plus du tout aujourd’hui : mes vergetures, ma poitrine tombante, mon amoureux de 4ème, mon nombre d’abonné.e.s sur mon instagram personnel ou encore le regard des autres, et rien que pour ça, grandir, prendre de l’âge, ça reste quand même super cool.
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