Apprendre à partir
- acopodcasts
- 2 août
- 4 min de lecture
Un copain, une amitié, une ville, un parent… Il arrive toujours un moment dans une vie où il faut partir, quitter quelque chose qu’on aime, mais qui ne nous convient plus.
Mais comme tout dans la vie, c’est toujours plus facile à dire qu’à faire. Partir, ça demande du courage, de la force, beaucoup d’amour-propre et des milliers d’heures de réflexion.

C’est dur de laisser derrière nous une chose, une personne, un endroit qu’on a aimés de tout notre cœur, pour lesquels on s’est battu, qu’on a mis parfois des années à comprendre, à construire. De dire « je veux plus, je mérite plus… » et de le mettre en pratique.
Qui a envie de quitter quelqu’un avec qui on pensait finir sa vie ? Qui a envie de quitter une ville remplie de beaux souvenirs ? Qui a envie de couper les ponts avec sa maman ?
Partir, c’est aussi laisser un bout de nous, de la personne qu’on pensait être. C’est accepter de devenir une toute nouvelle version de soi-même, peu importe à quel point ça peut faire peur.
Et… je pense que ça s’apprend.
On n’y arrive jamais du premier coup. Moi, en tout cas, je n’y suis jamais arrivée du premier coup. Il m’aura fallu, à chaque fois, pas mal de coups d’essai.
La première fois que j’ai dû partir, que j’ai dû me choisir, c’était lors de ma première relation amoureuse. Rien n’allait plus, on ne communiquait pas, on ne s’entendait pas, on ne voulait pas la même chose. Je le savais, mais je suis restée. Je préférais rester dans un couple qui ne me convenait pas, parce que je ne voulais pas le voir partir, parce que j’avais peur de « ma vie sans lui ».Alors on a essayé pas mal de choses : les compromis, les « efforts », la fameuse « pause » quand rien ne va plus…Je me suis battue pour ce que je pensais être bon pour moi, jusqu’au jour où il a vraiment fallu que je pose les armes, que je dise stop, et que je me suis répétée :« Séréna, tu mérites mieux. »
« Séréna, tu mérites plus. »
« Séréna, tu vaux plus. »

Il y a aussi eu ce crush, il y a quelques années. Tout ce que je demandais, c’est qu’il réponde à mes messages, rien de plus. Je devais constamment mendier son affection et son attention. Maintes et maintes fois, je me suis répétée : « Non, Séréna, ne lui envoie plus de message », « Non, Séréna, ne cours pas derrière lui dès qu’il te donne un peu d’attention », mais je revenais à chaque fois. Parce qu’un jour, il comprendrait, il verrait que je pourrais lui donner le meilleur.Puis, un jour, j’ai eu le déclic, un énième manque de respect, un énième délai de 72h, pour comprendre que :
« Je méritais mieux. »
« Je méritais plus. »
« Je valais plus. »
J’ai eu cette copine, au lycée, qui passait son temps à me rabaisser, à me dénigrer, à se moquer de moi. Parce que ça ne m’atteignait pas, je me disais que ce n’était pas important. Alors je continuais à passer du temps avec elle, à rire avec elle, à parler avec elle. Ce qui ne nous touche pas ne peut pas nous faire de mal, non ?Mais… une année, j’ai appris qu’elle avait un blog personnel, qui parlait aussi un peu de moi, et pas de la plus belle des manières. J’ai décidé que même si ce n’était pas important pour moi, je n’avais pas à continuer de tolérer son manque de respect. Alors on a coupé les ponts, parce que :
« Je méritais mieux. »
« Je méritais plus. »
« Je valais plus. »

Quand j’ai dû quitter Newcastle à la fin de mon échange universitaire… j’ai cru laisser une partie de moi là-bas. J’y ai vécu la naissance d’une toute nouvelle Séréna : une Séréna sûre d’elle, pleine de vie, qui a moins peur, qui a plein de rêves à réaliser. C’était, à ce jour, la meilleure année de ma vie, remplie de rencontres, de surprises, de commencements. Je n’avais pas envie de partir, je voulais rester dans ce cocon pour toujours.Mais ce n’était qu’une petite partie de ma vie à laquelle je devais dire « adieu » pour de bon, avec beaucoup de larmes et de nostalgie, parce que quelque chose de plus grand m’attendait, quelque chose de plus beau.
Quelque chose que je n’aurais jamais vu si j’avais décidé d’y rester, d’y trouver un job et d’y faire ma vie.Quitter Newcastle, aussi dur que ça l’a été, ça m’a permis d’avoir « plus », d’avoir « mieux ».
À chaque fois, partir m’a pris beaucoup de temps, des larmes, des nuits blanches, des questionnements, plusieurs « non, je veux rester ».Mais entre tous ces doutes, toutes ces peurs, tous ces « et si ? », tous ces « je n’ai pas envie de partir », il y avait moi. Moi, qui apprenais tout doucement à me choisir, qui comprenais que je n’avais pas à mendier ou me diminuer pour avoir le strict minimum.
Il y avait la version de moi qui voulait rester, et la version de moi, plus belle, plus sûre, plus avertie, qui attendait juste que je me choisisse pour qu’on se rencontre.
Parce qu’au final, c’est ça partir :Se choisir.
Comprendre qu’on ne sera jamais 100 % heureuse dans une situation qu’on a acceptée pendant trop longtemps.Laisser derrière nous des personnes, des situations qui ne nous ont jamais vraiment comprise.
Accepter qu’on mérite toujours mieux.
On mérite toujours plus.
On vaut toujours plus.
Je suis exactement à ce stade où je dois vaincre tout les « et si » pour me choisir, c’est tellement dure mais c’est pour rencontrer ma meilleure version